Chers élèves,
Il n'est pas possible de terminer une année de Yoga sans aborder la redoutable et redoutée posture sur la tête « Sirsâsana ».
Bien entendu, il n'y aura qu'une petite partie d'entre vous qui aura la capacité de la prendre, mais chacun pourra trouver son compte dans le déroulement de la séance.

SĀLAMBA ŚĪRṢĀSANA
Posture sur la tête avec support
Étymologie :
sa : avec ; ālamba : support ; śīrṣa : tête ; āsana : posture
Symbolique :
La posture Śīrṣāsana est considérée comme un sommet dans la pratique du Yoga. Cette posture procure, entretient et manifeste les principales qualités apportées et entretenues par le Yoga. Elle peut être reliée à la tradition védique et spécifiquement à la relation entre Rāvana, le démon souverain de Lankā, roi des Rākshasa, et Śiva, le dieu propice.
La mère de Rāvana vénérait Śiva, symbolisé par son linga. Un jour, le linga fut dérobé. Affecté par la détresse de sa mère, Rāvana lui promit de retrouver un linga. Il entreprit alors un voyage vers l’Himalaya, où il fit pénitence en allumant cinq grands feux et en prenant śīrṣāsana au centre de trois feux. Selon la légende, il y demeura pendant dix mille ans. Satisfait, Śiva accéda à trois demandes de Rāvana, dont celle de rapporter un linga à sa mère.
Mais Rāvana, le roi démoniaque, poussé par son orgueil, commet trois fautes qui lui font perdre toutes les facultés acquises par son ascèse.
Śīrṣāsana représente ainsi la maîtrise par excellence, c’est-à-dire, force et souplesse, détente et concentration sans faille – une pensée parasite et c’est la chute – et surtout la gestion de la peur. Mais tout cela comporte un risque : celui de basculer de l’égo positif asmitā-samādhi (Y.S IV.4) à l’égo négatif asmitā-kleśa (Y.S.II.6).
Comme toutes les postures inversées, śīrṣāsana « ralentit » l’écoulement de la vie, c’est-à-dire l’écoulement de l’élixir de vie « amŗtam ». Le feu retourné dans cette posture ne dévore plus amŗtam, mais nos impuretés stockées dans le bas du tronc.
Points de concentration :
En arrière du centre des sourcils bhrūmadhya en priorité, mais aussi, selon les besoins, nāsāgrai dans le prolongement de la pointe du nez, kaṇṭha, la gorge ou encore tāraka le point d’horizon.

Effets :
· Défatigue
· Meilleure posture pour augmenter l’élimination
· Réduit les douleurs dans l’aine dues aux diarrhées
· Améliore l’assimilation
· Améliore la circulation sanguine et lymphatique, lutte contre les varices
· Bon pour le système nerveux
· Guérit les troubles ovariens, les fibromes, la prostate en rééquilibrant les fonctions
· Rééquilibre les fonctions endocrines
· Soulage l’herpès, les ulcères et les colites
· Améliore la mémoire, les fonctions intellectuelles, la concentration
Pré-requis :
Comme pour viparīta karaṇī mudrā, pour soulever le corps et prendre cette posture, il faut avoir acquis :
~ Une bonne souplesse en flexion antérieure des hanches, améliorée par Uttānāsana,
~ Une souplesse et une tonicité du dos renforcées par Vīrabhadrāsana et Bhujangāsana,
~ Une souplesse de la nuque et des épaules améliorée par Dvipādā pīṭham, Adhomukha śvānāsana, Ūrdhvamukha śvānāsana.
Contre-indications :
. Arthrose cervicale et tout problème cervical
. Périarthrite d’épaule
. Hypertension oculaire et/ou générale
. Fragilité des yeux et notamment rétinienne
. Asthme
. Insuffisance cardiaque
. Sifflements d’oreilles, acouphènes
. Dépression
. Durant les règles
. Grossesse
. Si hyperthyroïdie, remplacer par viparīta karaṇi
La posture :
« Les yeux fermés
« Posture inversée symétrique
« Appui sur le dessus de la tête et les avant-bras
« Doigts entrelacés tenant la tête, coudes rapprochés
« Tronc et membres inférieurs dressés verticalement, genoux droits

Respiration :
L’égalité des phases respiratoires d’inspiration et d’expiration favorise un effet équilibré. Le rythme classique est : inspir. 2, pause 1, expir. 2, pause 1, soit le rythme 2.1.2.1.
PRUDENCE : L’optimisation du rapport ventilation sur perfusion dans cette posture entraîne un ralentissement surprenant de la respiration. En effet, les cellules pulmonaires du sommet des poumons sont habituellement davantage ventilées que perfusées. De même, les cellules du fond des poumons sont moins ventilées et plus perfusées. En position inversée, cet effet de pesanteur s’inverse ce qui optimise beaucoup l’échange gazeux. Le pratiquant est donc tenté de se laisser entraîner à un ralentissement et un allongement excessif des phases ventilatoires. Cela entraîne un sentiment d’euphorie mais, en même temps, peut sur le long terme modifier le PH sanguin. Danger
Extrait de Fiches Postures établies par Bernard Bouanchaud, d'après l'enseignement de TKV Desikachar.
Je vous souhaite une excellente pratique !
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